PROSES DE VIE .
Pendant que les arbres secouent les branches d'un doux alizé chassant les derniers vestiges de l'hiver austral , une bruine pleure sur les derniers jours de septembre mais le soleil est résistant à faire rougir de jalousie l'automne frisquet au delà des frontières car mon océan sourit de vagues d'argent ! Et le Piton de la Fournaise frémit dans ses entrailles pour une éruption probable à brève échéance ( ou bien il sera dans un silence à alourdir notre terre qui tremble avec les séismes de la tectonique des plaques sous la mer … )
L'horloge tourne , je fais un regard en arrière pour me souvenir .
Rire et aimer toute cette vie qui nous entoure :
Je me souviens de chaque moment et je savoure toutes ces années .
Même si j'ai vu la mort plusieurs fois : la perte de mes parents puis elle a frôlé mon âme en mettant mon fils dans un profond coma ( à 20 ans très sportif, la mort n'a pas voulu de lui, il s'en est sorti) … Bien plus tard le départ impromptu de mon époux a brisé mes artères , je croyais que la folie allait m'emporter et j'ai résisté : j'ai soigné les plaies de mon cœur saignant et j'ai continué de vivre donnant tout l'amour à mes deux fils . Quand mes petits enfants sont nés , j'ai compris que la vie est une suite de beauté et que sa nullité n'est autre qu'une mauvaise pensée !
L'année 2020 est arrivée si vite ,synonyme de changements considérables ! UN DOUBLE VIN sans vendanges a arraché nos fleurs intimes avec impunité ! Chaque jour nous rappelle qu'il faut chérir les minutes de joie que nous vivons pour oublier le malheur que l'on subit .
Et je suis toujours là à poser mes brins de poésies qui sont devenus des bouquets , même s'ils sont imparfaits, ils ne sont jamais séchés.
Même si on ne peut plus me toucher , me caresser , m'embrasser car il faut protéger mon visage vieilli . Mes rides frissonnent en voyant les photos jaunies : elles se sont déteintes sur le mur désuet :
On roulait nos corps dans les mousses rafraîchissantes qui éveillaient nos sensations les plus enfouies.
On plongeait dans les houles sans avoir peur des requins ! On pêchait des moules , il n'y avait pas de Réserve Naturelle Marine .
On grimpait aux arbres , on cueillait les baies , les fougères , les hortensias , les arums , les plantes médicinales , il n'y avait pas de contrôles de la Brigade verte .
En 2020 , on regarde sans piétiner même les sauvages herbes et on n'ose plus froisser de nos soupirs les affriolantes marguerites . Je crains aussi les rambardes des escaliers , la cage de l'ascenseur : vais-je rester coincée dans mon logis au 4ème étage ?
J'erre dans ma petite demeure où la fraîcheur me caresse des jours entiers.
De ma chaise haute , je me mire dans des miroirs usées, dans les brèches, beaucoup de tendresses s'animent avec les ans , je ne veux pas les abîmer , et que les éclats cessent de les ébrécher!
Je me sens souveraine assise face au passé. J' expose avec une liberté même des strophes impudiques et secrètes .
J'ose me montrer à la hauteur des envies essentielles.
Je prends toujours ce risque d'écrire en longueur mes PROSES DE VIE . Je m’installe sur mon canapé , confinée pas devant la télé mais les yeux baladant sur l'horizon entre le ciel et les bijoux argentés marins :
J'écris évidemment pour me rapprocher des êtres , la lumière est un miracle en ce siècle !
LUCYE RAYE 28 septembre 2020
Messages reçus
Nom: Muller
Message: Le monde binaire de nos joies et de nos peines est le grand livre
des tris des méditations et des essais/erreurs. N’oublions jamais : c’est notre bruyant passé.
Nom: Jade Marie Marianne
Message: Je reste sans mot, le coeur gros...
Encore une fois les émotions sont au rendez-vous. Eh oui qu'importe les épreuves, faut tenir bon encore et encore ma Lucie
tu es exemplaire et surtout unique ma poétesse, bravo pour tout ce
courage
Nom: Béatrice Montagnac
Message: Bonjour Lucye
une prose dévoilant l'intime de toi avec pudeur c'est tellement
touchant poignant émouvant qui ne me laisse pas indifférente, me touche même beaucoup.
Douce journée en ce mercredi automnal
Je t'embrasse amitiés
Béa
